Brompton vs Skateboard

Gare d’Ottignies, un jour de semaine, heure de pointe. Je croise un porteur de vélo pliable, sur le quai en direction de Bruxelles. Ma planche à roulette sous le bras, son origami métallique au pied, deux beaubobos s’échangent un regard sur leur engin multimodal de référence. Le skate de “crusing” (déplacement) possède ce point commun avec le vélo pliable d’être transportable et de se glisser dans les coffres de voitures, trams, trains.

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Mobility mates (Bruxelles)

Si proches et si différents, le brompton et le skateboard se font face dans un duel à 10 vitesses.

  1. Freins. En skate, tu vas moins vite qu’à vélo (entre 8 et 20 km/h), mais t’as pas de freins. Pour freiner, deux techniques s’offrent à toi. Version longue (7-8 mètres): Tu gardes un pied sur la planche et tu plaques l’autre au sol. La gomme de la semelle adhère au bitume. Version courte (deux mètres), tu sautes et tu t’arrêtes.
  2. Kit “sécurité”. Je réalise que je ne porte pas de casque de protection sur mon crane de quarantenaire en perte de cheveux. Ni tout l’attirail de « voir et être vu »: phares, gilets, catadioptres. Nada. Un début de sentiment de culpabilité m’envahi, subitement dénigré par le tout-puissant  “skate or die”. Quand même… j’y pense (et puis j’oublie).
  3. Volant. Le guidon. La fourche. Les poignées. Partis! En skate, tu tournes avec les pieds. Tes mains sont libres. Dans les poches, dans ton nez, portant un sac, un classeur ou un portable. 
  4. Budget. Un excellent longboard tourne autour des 250 eur. Le Brompton coûte 3 à 4 fois plus cher. Du coup, ça me donne un argument de plus pour avoir plusieurs skates.
  5. Cadenas. Il est à ma connaissance impossible de cadenasser un skate. J’ai tenté plusieurs techniques, mais les cadenas sont fait pour les vélos. Sur le coup, j’imite la loi des Brompton: “jamais n’abandonne ton engin en rue”. Douce horreur, je suis obligé de constamment le porter, ce qui me contraint à frimer en permanence (je déteste). Et je me sens intimement proche de la philosophie Brompton: la frime en douce, genre “j’ai pas le choix, tu vois, je dois le porter avec moi. Il est beau hein?”
  6. Revêtements et pluie. Je ne roule pas sous la pluie, car les roulements rouillent trop facilement. Et la distance de freinage se multiplie par 2 ou 3 (les semelles glissent sur l’asphalte humide cf. 1). Même combat pour carrelages, pavés, béton pourris, le skate en main. Le parapluie dans l’autre. Hops dans le bus.
  7. Bilan carbone. Sept plaques en bois comprimées (made in china, j’avoue), deux axes en alu, quatre roulements et quatre roues. J’aime croire qu’un skate est le moyen de déplacement le plus écologique à produire du monde. Mais j’ai pas vérifié. Skate rime avec paresse.
  8. Statut social. Rouler à vélo est très “normal”, voire complètement banal. Rouler en skate est plus « visible » (et surtout beaucoup plus bruyant sur du béton). L’un semble adulte et l’autre donne un air d’adolescent. J’ai rarement des costard Armani en longboard. Difficile de trancher les questions de style. Sauf un cas: Sommes-nous tous d’accord pour dire que les plus débiles à regarder rouler sont les zombies silencieux en Hooverboard?
  9. Poids. 2,750kg pour un skate contre 12kg pour un vélo pliable. Que j’ai pitié de voir les navetteurs dos courbés, remonter des escaliers, portant à bout de bras leur Brompton et fontes chargées. Combien de dos pliés, meurtris, coincés, hernies, lumbagos et d’heures de kiné.
  10. Conversion. Montre en main, tu passes du statut skateur à piéton en ¼ de seconde. Record imbattable. Ce qui te permet, en toute légalité, de profiter des passages pour piétons, feux, passerelles, sous-terrain, ascenseur, sans aucun complexe ou peine d’amende.

Last but not least…

Le danger…(ou la conclusion ‘mobilité douce’ du Sergent Ophooooven)

« Tu as pas peur de te faire mal? Le skateboard c’est dangereux quand même. » me dit-on. Rouler et tomber: l’équilibre est le grand point commun cyclo-roulette, à deux ou à quatre roues. Le vélo, malgré son image de mobilité douce, écologique et zen est dangereux. Les accidents de vélo sont en augmentation constante à Bruxelles. Tous les usagers faibles sont en danger, le skate, la trottinette, le roller ou le vélo. La vitesse, comme partout, est le plus dangereux des facteurs, suivis de la distraction. Debout sur mon skate, à presque 2m de haut, je vois au dessus de toutes les voitures. La position, plus haute encore que celle du Brompton déjà très haute, donne à mon sens un plus grand atout sécurité pour anticiper les dangers de la circulation urbaine.

Alors, prudence, plaisir…et bonne route.

3 réflexions sur “Brompton vs Skateboard

  1. Martin, non, non, non faire du vélo n’est pas dangereux!!!

    Tu te doutais bien que si quelqu’un allait rebondir sur cette phrase, c’était moi :-).
    Il y aurait tellement à dire sur cela, mais d’autres l’on déjà très bien fait:
    http://transports.blog.lemonde.fr/2012/09/17/ne-pas-faire-de-velo-cest-dangereux-pour-la-sante/
    http://monchervelo.fr/le-velo-c-est-pas-dangereux/
    https://cyclingfallacies.com/fr/4/le-velo-est-dangereux

    A samedi 🙂

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  2. Je sens comme un je ne sais quoi de parti pris pour le skate dans ce texte… 🙂
    A vélo, tu peux aussi te transformer en piéton en 1/4 de seconde (allez, peut-être 1/2 seconde), suffit d’en descendre et de le pousser à côté de soi.

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  3. Merci pour cet article, la comparaison entre la skateboard et la Brompton est assez intéressante. Garder son équilibre et sa sécurité c’est le plus important donc la brompton pour moi est largement meilleure qu’un skate!

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